Le manchot adélie est ainsi le plus nombreux des représentants des dinosaures actuels de l’île des Pétrels qui ont choisi de vivre parmi les terres les plus inhospitalières (pour l’Homme) de la planète. La colonie se scinde en plusieurs groupes qui se sont établis sur tous les sommets et les pentes rocheuses de l’île, y compris sous les bâtiments de la base ! On compte environ 30.000 couples sur l’île ; 60.000 oiseaux et leurs poussins qui communiquent bruyamment. Un concert de manchots adélie est offert gracieusement aux heureux campagnards d’été vivant sur l’île et ce, 24 heures sur 24, nuit polaire oblige. Depuis quelques années, la banquise ne débâcle pas ou très partiellement ce qui oblige ces oiseaux marcheurs et nageurs à parcourir entre 30 et 75 km de glace avant d’atteindre la mer dans laquelle ils se gavent de krill, sorte de crevette vivant sous le bord de la banquise. Ils mettent près d’une semaine à parcourir cette distance et autant au retour. Les poussins sont ainsi très mal nourris et très peu auront la chance d’atteindre le stade adulte. Très territoriale, cette espèce construit un monticule de pierres en guise de nid. Malheur au poussin qui s’aventure hors de ce micro-territoire, il est inévitablement pourchassé et tué par les adultes alentours. Il fait alors le bonheur des skuas qui iront le donner en pâture à leurs propres poussins. Très tonique, incroyablement résistant, le manchot adélie est capable de surmonter la plupart des obstacles topographiques à la seule force de ses pattes. Sur la glace et la banquise, rien ne l’arrête et il est encore plus à l’aise sous l’eau où il nage telle une torpille avec une facilité déconcertante. Avec des apnées qui atteignent 6 minutes, il peut plonger jusqu’à la profondeur de 175 mètres. Fin janvier, la colonie est déjà presque désertée car tous ces oiseaux partent en mer muer, c’est-à-dire changer leur plumage. Coûteux en énergie, ils muent sur le pack à proximité de leur principale ressource alimentaire.