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REVOLTA - La traversée

Par Marc Éleaume.

Départ de CDG à 21h30 le mercredi 4 janvier 2017
Arrivée à DDU à 9h30 le vendredi 13 janvier 2017

Voyager, c’est attendre.

Attendre la confirmation du départ, attendre le RER, attendre l’A380 pour Dubaï, attendre l’embarquement dans la file des voyageurs qui n’en finit pas, attendre un vol pour Sydney, attendre les bagages à Sydney, en vain parfois, attendre la certitude d’avoir perdu une valise, attendre le vol vers Hobart, attendre une fois encore les valises.

C’est alors que la longue attente léthargique commence :dans le ventre du navire,dans sa moiteur tiède peuplée à peine de silhouettes aperçues, comme avalées soudain dans l’ombre qui partout se terre. Au bord des coursives noyées de lumière crue, nous attendons dans le creux moelleux de nos bannettes. Assommés de sommeil, bercés par la houle qui nous pousse, nous attendonsl’heure du repas.

L’Astrolabe à quai à Self Point près de Hobart en Tasmanie © MNHN / MSA / IPEV © IPEV/MSA/MNHN L’Astrolabe à quai à Self Point près de Hobart en Tasmanie © MNHN / MSA / IPEV

Puis vient la glace. Les premiers glaçons perdus qui annoncent le pack, le pack enfin qui se resserre et que heurte et brise l’étrave renforcée de l’Astrolabe. Le fracas est immense, le métal geint contre l’échine glacée des pancakes. C’est là en vérité que l’attente cesse. Nos esprits engourdis s’éveillent. Nous scrutons l’horizon à la recherche des grands tabulaires, des manchots et des phoques. Un souffle parfois, un dos noir, trouent la surface enfin lisse de l’océan. Plus rien ne bouge. Le navire semble glisser sur les flots sans effort. Seul le ahanement constant de la machine peuple l’air.

Pont arrière de l’Astrolabe roulant sur une mer calme © MNHN / MSA / IPEV © IPEV/MSA/MNHN Pont arrière de l’Astrolabe roulant sur une mer calme © MNHN / MSA / IPEV
La passerelle de l’Astrolabe et ses géraniums © MNHN / MSA / IPEV © IPEV/MSA/MNHN La passerelle de l’Astrolabe et ses géraniums © MNHN / MSA / IPEV

La banquise nous arrête. On devine plus loin la pente rapide de la calotte glaciaire qui coiffe le continent Antarctique. Nous le devinons, massif et silencieux, plus que nous le voyons. La banquises’étend sur les 80 kilomètres qui nous séparent encore de la station Dumont d’Urville. L’Astrolabe ne pourra les franchir, nous serons donc transférés du navire à la base en hélicoptère.

L’Astrolabe entre dans le pack © MNHN / MSA / IPEV © IPEV/MSA/MNHN L’Astrolabe entre dans le pack © MNHN / MSA / IPEV
L’équipe REVOLTA 2016-2017 sur l’Astrolabe © MNHN / MSA / IPEV © IPEV/MSA/MNHN L’équipe REVOLTA 2016-2017 sur l’Astrolabe © MNHN / MSA / IPEV

L’appareil survole la banquise, immense plaine blanche parcourue de centaines de manchots adélie, à peine visibles. La glace et la neige, vues de dessus, prennent des textures et des couleurs variées. A l’approche du glacier de l’Astrolabe qui surplombe l’archipel de Pointe Géologie, nous survolons les centaines d’immenses tabulaires que le glacier est en train de vêler. Ils sont prisonniers de leur gangue de banquise, comme éternellement figés.

Le dortoir 42 sur la base Dumont d’Urville vu de la piste du Lion © MNHN / MSA / IPEV © IPEV/MSA/MNHN Le dortoir 42 sur la base Dumont d’Urville vu de la piste du Lion © MNHN / MSA / IPEV
La banquise s’étend sur 80 kilomètres, les manchots à la queue leu leu commencent leur long périple vers l’océan ouvert © MNHN / MSA / IPEV © IPEV/MSA/MNHN La banquise s’étend sur 80 kilomètres, les manchots à la queue leu leu commencent leur long périple vers l’océan ouvert © MNHN / MSA / IPEV